Retranscription (sous réserve d’erreurs) :
Le personnel des urgences appelle au secours
Ca va mal aux urgences du centre hospitalier Albertville-Moûtiers (CHAM). La décision de l’agence régionale de santé de renoncer à la construction d’un nouvel hôpital à la Bathie a fait « déborder le vase » !
Le personnel a décidé de se faire entendre.
De dire haut et fort ce qu’est le quotidien au service des urgences, et ce qu’il sera demain si rien n’est fait. Il dénonce « la dégradation des conditions d’accueil des patients, parallèlement à une augmentation régulière du nombre de passages ».
« Les bâtiments d’Albertville et Moûtiers datent de 1992. Les services des urgences sont sous-dimensionnés regrette le docteur Marc Haessevoots, chef du service. En 1992, les urgences d’Adlbertville recevaient 11 000 personnes par an. Le chiffre a quasi-doublé ». Pas les locaux.
Les infirmières pointent du doigt des salles de soin en nombre insuffisant, trop petites (9.8m² en moyenne, 15m² recommandés), pour certains soins, sans prise électrique… L’absence d’oxygène dans plus de 50% des salles. Et « l’atteinte permanente à la confidentialité des patients » qui attendent dans le couloir sur des brancards. « Tous les jours, on a le sentiment de ne pas pouvoir faire notre travail comme il le faut » commente amère, Sylvie Lévèque, infirmière à Albertville.
« Pas de fusion Albertville-Moûtiers sans reconstruction »
« C’est parfois à la limite de la salle commune » ajoute le médecin Philippe Bouchen-d’Homme. Avant que le chef de service ne mette le point final à cet inventaire inquiétant : « Il arrive même qu’on examine les personnes ou qu’on pose des perfusions en salle d’attente ».
Inquiétant, car si le personnel affirme avec passion faire du mieux possible, lui imagine le pire. « Je suis chef d’un service qui n’est pas aux normes. En cas de problème grave, je sera convoqué au tribunal. L’héroïsme, ca va un moment… »
Le personnel des urgences attadait depuis huit ans quel soit construit le nouvel hôpital et sa patience semble aujourd’hui à bout. Louhaine Bimet, infirmière aux urgences de Moûtiers, l’a constaté : « Depuis mon arrivée il y a huit ans, on nous fait miroiter ce nouvel hôpital. On a accepté de travailler dans ces conditions parce qu’on l’espérait. Aujourd’hui, on n’a rien et on va devoir faire avec des bouts de ficelle ».
Leur revendication est simple : « on ne veut pas de fusion d’Albertville et Moûtiers sans reconstruction ». Ils veulent des locaux rénovés et agrandis ou reconstruits ». Et si une nouvelle structure était construite à Albertville, ils estiment faudra aussi « organiser l’offre de soins à Moûtiers ».
Conscients que la France manque d’argent, ils refusent qu’on règle le problème, en disant que l’offre de soins actuelle est suffisante. A leurs yeux, la Tarentaise et ses montagnes qui font rêver le monde entier méritent un bien meilleur service de santé. « Quand on voit ce que le tourisme en station génère en ressources fiscales … » lance le docteur Christophe Laurence.
Le ministère de la santé considère qu’il faut 3,2 minutes pour aller d’Albertville à Césarches
Le chef des urgences Mars Haesevoots, le dit carrément « ça fait froid dans le dos !
Les ministères et l’agence régionale de santé (ARS) ne s’informent pas auprès des gens du terrain »
– Premier exemple évoqué : selon l’ARS, 30% des patients consultent aux urgences relèvent de la médecine générale.
L’une des solutions pour alléger le travail des urgences serait que ces gens soient effectivement traités pas les médecins de ville et de station.
« La réalité du terrain, réagit Marc Haesevoots, c’est que les médecins généralistes sont débordés. Que nombreux sont ceux qui vont prendre leur retraite et qui ne seront pas remplacés. Le conseil de l’ordre a tiré la sonnette d’alarme depuis longtemps ! »
Aux urgences, on accueille donc bel et bien des patients qui relèvent de la médecine générale, mais c’est parce qu’ils n’ont pas pu aller ailleurs.
– Deuxième préconisation de l’ARS contestée par les urgentistes, la création de cabinets médicaux en station équipés de
cabinets de radiologie. « Cela existe depuis longtemps et cela fonctionne très bien. Mais là aussi, la pyramide des âges fait que nombre de ces cabinets vont perdre des médecins voire fermer dans les prochaines années »
– Troisième incohérence relevée par les urgentistes dans les notes du ministère de la santé, cette fois : l’objectif national étant d’atteindre 100% de la population à moins de trente minutes d’un SMUR (service mobile d’urgence et de réanimation), des  évaluations de temps d’intervention ont été faites. « Le SMUR de Moûtiers est supposé rejoindre Saint-Martin-de-Belleville en 13,5 minutes !  » Il en faut au moins le double, voire le quadruple en hiver s’insurge le docteur Laurence. Ce document estime qu’un SMUR au départ d’Albertville pour le village de Césarches doit mettre 3,2 minutes. Cela impliquerait de rouler à plus de 110 km/h en ville puis sur une petite route de montagne »
– Dernier conseil : l’ARS conseille au CHAM de résoudre ses problèmes en développant la coopération régionale avec les hôpitaux voisins. « On le fait déjà commente le chef des urgences. En matière de traumatologie nous sommes un hôpital de niveau 2, comme Annecy ou Chambéry, mais sans avoir les mêmes moyens qu’eux. Quand les cas sont plus graves, les patients sont conduits à Genève, Lyon, ou Grenoble, classés de niveau 1 »